J'aime beaucoup cette double enluminure représentant les commanditaires d'un livre et son auteur.
Jean du Vignay (le traducteur de droite) a principalement traduit du latin en français des ouvrages pour la reine jeanne de Bourgogne (commanditaire à droite), mère du duc Jean de Normandie. Ainsi les deux premiers livres du Miroir historial sont traduits du Speculum historiale de Vincent de Beauvais (l'auteur à gauche) entre 1320 et 1332. L'immense compilation du XIIIème siècle avait été commanditée par Loui IX (commanditaire à gauche), le grand-père de la reine jeanne.Elle, était la fille du duc Robert II de bourgogne et d'Agnès de France. Les armes royales des deux familles sont peintes en fond des scènes.
Notons qu'à gauche, quelques livres disposés sur une bibliothèque suffisent à montrer l'usage qu'en a fait Vincent de Beauvais. Tandis qu'à droite, un livre est disposé sur la tablette du fauteuil tandis que Vincent le traduit sur un feuillet.
Les deux commanditaires font des gestes similaires qui semblent indiquer un ordre de rédaction des ouvrages aux écrivains.
Nous voyons ici la reine Jeanne de Bourgogne, son époux le roi Philippe VI, et le futur Jean le Bon, duc de Normandie en prière, sculptures datées des années 1340-1350. (New York, Metropolitan Museum of Art / J. Pierpont Morgan, 1917 -17.190.387,388,392).
Pour revenir aux auteurs, j'aime aussi les premières scènes des manuscrits : les scènes de dédicace. C'est à ce moment que l'auteur, généralement un genoux en terre, remet son manuscrit au commanditaire. Ces scènes sont souvent intemporelles et peuvent dépeindre une cérémonie qui a existé plusieurs dizaines d'années auparavant. Les rois et les auteurs sont représentés "post-mortem". C'est alors la postérité de l'ouvrage qui compte ainsi que la nouvelle copie du livre.
Jean de Meun, traducteur de la Consolation Philosophique de Boèce pour le roi Philippe IV le Bel est représenté en 1372 (Besançon 434 f.298). Ce qui intéressant de noté c'est l'intimité de la scène et ce rideau rayé relevé. L'espace n'est plus délimité, est-ce par là que le traducteur est entré ? Diamétralement opposé, on voit aussi un textile vert qui recouvre le trône. Derrière le roi, un gens d'armes qui donne un caractère tout de même solennel qui va de paire avec l'imposition des mains du roi sur le manuscrit.
Jean de Vignay remet sa traduction des échecs moralisés à Jean le Bon, représenté en 1372 (Besançon 434 f245). Sur cette miniature, on remarque aussi le rideau mais cette fois-ci il sépare la scène d'un autre espace. Et la scène est un peu moins intimiste. Des personnages semblent discuter au sujet du livre que remet le traducteur. La scène est à peu près semblable à l'autre dans sa composition. On retrouve le gens d'armes derrière le roi.
Libellés : enluminure, histoire, Livres, Moyen âge
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