La Peinture Médiévale est un art qui relève d'une industrie si l'on en juge la multiplicité des supports sur lesquels les peintres oeuvraient et le coût des pigments utilisés pour peindre. Donnons par exemple les supports d'application des couleurs dont parlent les traités techniques et que nous montrent aussi certaines oeuvres d'art.
Les couleurs médiévales étaient appliquées par les peintres sur :
- des panneaux de bois, tabulis
- des retables
- des boiseries, clipeis
- des plafonds lambrissés à caissons, laqueari
- sur le métal or, auracio
- sur le métal argent, argentario
- sur le métal étain, stagnacio
- sur une imitation de ces métaux avec des couleurs peintes sur fer et sur laiton
- sur parchemin de mouton, de chèvre et de chevreau, d'agneau, de velin (veau mort-né)
- sur chartes, sur feuille volante de parchemin, carta
- sur pierre
- sur verre
- sur textiles (bannières, vêtements, ...)
- sur cuir
- sur vases
- sur ivoires sculptés
- etc, ...
Les couleurs médiévales à base de minéraux, de végétaux et d'animaux étaient en partie les mêmes pour tous ces supports, à quelques variantes près. Les médiums à base de gomme, de colle et d'huile servaient à amalgamer les pigments et les colorants.
Ceux qui approvisionnent les peintres médiévaux en pigments passent par les commanditaires des ouvrages d'art. Ainsi de 1385 à 1400, un épicier dijonnais perçoit la somme de 232 924 deniers soit 970 ½ francs pour la vente de pigments, de laques végétales, de couleurs faites par alchimie de médiums et de vernis. En quinze ans, le métier d'épcier, sans doute le spécialiste de la fabrication des matières premières servant à la composition des couleurs médiévales, permet de se constituer une fortune colossale.
Au 15e siècle, l'auteur italien du Libro dell'Arte ne fait-il pas allusion à un épicier auprès duquel il recommande à son étudiant de se fournir en cinabre artificiel, c'est-à-dire en le pigment fait par alchimie qui sert à la production du rouge vermillon.
Si pendant longtemps j'ai cru que les peintres fabriquaient leurs pigments, au bas Moyen Age ce sont les commanditaires et notamment le duc de Bourgogne, qui prennent en charge la quasi totalité des pigments, médium et vernis.
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