Si j'ai répondu à la question : Qui est Dame Chlodyne ? on peut se questionner sur l'activité du peintre d'imageries médiévales.
Je suis Peintre d'Imageries Médiévales. Beau titre qui résonne bien pour cette très riche période du Moyen Age. J'ai une formation initiale d'artiste peintre, plasticienne et j'ai suivi ensuite une formation d'historienne de l'art. Art et Histoire sont pour moi indiscociables. J'ai donc choisi de représenter des scènes tirées des enluminures des manuscrits. Mon travail artistique est figuratif puisque je reproduis un dessin médiéval qui sert de base à l'application des couleurs. Je n'ai pas suivi de formation particulière pour faire ce genre de peinture, mais je suis guidée par la beauté des enluminures, leurs coloris et leur iconographie.
Je ne porte pas le titre d'enumineur car je ne travaille pas dans le respect des traditions historiques en fabriquant pigments, parchemins... comme d'autres professionnels le font. Cependant, de part ma formation scientifique, je mène des recherches sur les pigments et les réceptaires médiévaux. Je dois avoué que je suis plus attachée à la théorie qu'à la pratique ; en tout cas pour l'instant. Ma technique reste somme toute très moderne. J'utilise des pigments en poudre modernes, dits de synthèse. Ceci me permet d'obtenir des couleurs très vives et saturées. Je les mêle avec un liant qui s'inspire des recettes médiévales puisque j'utilise un mélange à base de blanc d'oeuf et de gomme arabique. Je peins sur du papier épais pour aquarelle, plus par économie de moyen que par choix ! (Le parchemin étant abominablement cher !).
La fabrication des pigments est pour certains professionnels devenue partie intégrante du processus de création. Si les réceptaires décrivent l'utilisation de certains pigments, l'enluminure reste un art qu'il est difficile à restituer, notamment parce qu'il s'agit de copier un original. Il faut dans un premier temps, avoir accès au manuscrit pour observer les véritables couleurs autrement que par le prisme de la photographie ou pire de la photocopie. Puis l'identification des pigments qui composent la page est de mise. Pour ce faire, soit vous pouvez faire analyser les pigments soit vous essayer de le faire visuellement. La première méthode est la meilleure mais le plus commun des mortels ne se déplace pas avec son kit de spectrométrie Raman. Puis, si l'on a réussi à identifier les pigments, chose qui semble difficile, il est bon de noter que certaines composantes telles les gommes et les colorants, ont peut-être disparu. Puis il est alors temps de se questionner sur la fabrication des pigments et colorants, tous plus ou moins toxiques. Alors se lancer dans leur fabrication peut s'avérer très difficile si l'on n'a pas une formation de chimiste (formation que je n'ai pas !) et un certain espace dédié à cette activité. Puis une fois que l'on a fabriquer quelques couleurs, on peut s'essayer à les appliquer mais selon quelle technique ? Les mélanges entre les pigments sont une chose, mais les appliquer varient tellement d'une période à une autre que dire des généralités est difficile. Voilà pourquoi, je ne me lance pas pour l'instant dans des réalisations avec des matériaux historiques. Alors on peut toujours peindre avec des pigments achetés chez Kremer ou Laverdure et obtenir des teintes médiévales sur parchemin. Je pense que je me lancerai dans l'aventure quand j'aurai de nouveau accès à des manuscrits enluminés. Ceci afin de comparer une éventuelle palette historique avec le manuscrit.
Bien que moderne, je prépare une exposition d'enluminure pour 2013 avec mes élèves à Lyon. Je vous en dirai plus dès qu'une date sera arrêtée.
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Dame Chlodyne
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