Le traité italien : De Arte Illuminandi ou l'Art d'Enluminer date du 15e siècle et est conservé à Naples. Il a été récemment étudié et traduit en italien par Cristina Pasqualetti dans Il Libellus ad faciendum colores dell'Archivio di stato dell'Aquila. Origine, contesto e restituzione del "De Arte illuminandi", Firenze, 2011.
Dans ce célèbre réceptaire, tout spécialement dédié à l'art de l'enluminure, l'auteur recommande l'utilisation de 7 couleurs : niger (noir), albus (blanc), rubeus (rouge), glaucus (jaune), azurrinus (bleu azur), violaceus (violet), rosaceus (rose) et viridis (vert). Parmi celles-ci, certaines sont des couleurs naturelles, d'autres sont artificielles.
Les couleurs naturelles sont l'azurrum ultramarinum (l'azur outremer ou bleu de lapis-lazuli), l'azurrum de Lamania (l'azur d'Allemagne ou azurite), la terra nigra sive lapis naturalis (une pierre noire que, nous dit Cennino Cennini, on extrayait de certaines montagnes), la terra rubea alias vulgariter dicta macra (la sinopia), la viridis terra sive viride azurium (la terre verte ou la malachite), la terra glauca (l'ocre jaune), l'auripigmentum (l'orpiment), l'aurum finum (l'or fin), le crocum (le safran).
Les couleurs artificielles sont toutes les autres couleurs. Le noir que l'on fait avec le charbon de vigne ou d'autre bois, celui que l'on fait avec la fumée de chandelle de cire ou lampe à huile ou de suif et que l'on récolte dans un bacin ou une écuelle vitrifiée. La couleur rouge est du cinabre (cinabre artificiel ou vermillon) fait de soufre et de vif argent (du mercure) ou du minium ou autre stupium fait à partir du plomb. Le couleur blanche que l'on fait avec du plomb et se dit céruse ou bien se fait avec des os d'animaux brûlés. Le jaune se fait avec des racines de curcuma ou avec l'herbe des teinturiers (la gaude) avec de la céruse, l'oro musivo (l'or mussif), le giallolino (le jaune d'étain II). L'azur artificiel se fait avec l'herbe tournesol (le folium ou la Chrozophora tinctoria). La couleur verte se fait avec du cuivre et aussi le vert-de-vessie fait avec les baies du nerprun (le nerprun catharticus) et le vert d'iris ou vert flambe fait avec les floribus lilorum azurrinorum (les fleurs d'iris bleues).
Si nous résumons, l'on trouve dans ce traité la liste suivante de pigments et de colorants utilisés dans l'enluminure italienne du 15e siècle :
pour les couleurs bleues :
- le bleu de lapis-lazuli
- le bleu azurite
- le bleu de folium
pour les couleurs rouges :
- la sinopia
- le vermillon
- le minium
- le stupium
pour les couleurs vertes :
- la terre verte
- la malachite
- le vert de cuivre
- le vert-de-vessie
- le vert d'iris ou vert flambe
pour les couleurs jaunes :
- l'ocre jaune
- l'orpiment
- l'or fin
- le safran
- le curcuma
- l'or mussif
- la gaude
- le jaune d'étain II
pour les couleurs blanches :
- le blanc de plomb ou céruse
- le blanc d'os
pour les couleurs noires :
- la pierre noire
- le noir de vigne ou d'autres bois
- le noir de fumée
Un colorant a été oublié dans le début du traité. On le retrouve dans le texte pour la confection de la couleur rose que l'on appelle rosette. Cette teinte est faite avec du bois de brésil.
Soit au total 26 pigments et colorants nécessaires à la réalisation de peinture de manuscrits italiens à la fin du Moyen Age.
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