Le 'bacin' contient généralement de l'eau. Il peut être en métal (laiton, cuivre, argent, or) ou en verre nous dit Victor Gay dans son Glossaire Archéologique. C'est un récipient portatif et circulaire. On s'en sert entre autre pour se laver. Mais pas seulement. Vous vous en doutez, si je le mentionne dans le Blog Enluminure, c'est qu'il est un contenant utilisé dans la fabrication des pigments médiévaux.
En effet, nous retrouvons le contenant 'bacin" dans quelques recettes de fabrication de couleurs. Mais il n'est pas mentionné très souvent : de une à quatre occurences selon les réceptaires. Ce n'est donc pas le récipient le plus utilisé par le praticien des couleurs.
Dans le De Coloribus Faciendis de maître Pierre de Saint-Omer, une recette de pigment vert (§156) recommande à la fin du procédé, l'utilisation d'un bacin. On fait sécher au soleil le vert-de-gris dit de 'Rouen' dans un bacin ou un récipient en terre : 'in bacino vel vase terreo'. (Ce vert se fait avec des lames de cuivre que l'on enferme pendant un mois avec du vinaigre dans un contenant propre fait pour celà).
Toujours dans le traité de maître Pierre de Saint-Omer, une recette de rouge (§183) recommande de chauffer un colorant dans un bacin. Pour obtenir un pigment rouge appelé 'sinopide' optimal, on fait cuire avec de l'eau, de la gomme de lierre et de la garance dans une oule. On laisse refroidir. On broie ensuite fortement le colorant dans un mortier et on filtre. Puis dans un bacin ou une 'test' : 'in bacina vel in testa', on cuit sans que ça boue mais juste que le colorant frémisse. Et pendant que ça chauffe, on teste la consistance avec un bâton ('cum festuca supra virgulam'). Si c'est suffisament épais, on retire le récipient du feu et on laisse refroidir et durcir. Et ainsi, de ça on peut faire des pastilles, 'pastillos'. Une fois ces pastilles coupées, je suppose qu'elles sont préparées dans le bacin, on les mets dans un étui ('forulo') et l'auteur dit de le garder pour l'usage de celui qui fera la recette.
Dans le traité d'Héraclius, on trouve une recette de dorure (§XIV.253). Il s'agit de mélanger du mercure à de l'or puis de le laver dans un bacin, 'bacino'. Deux autres récipients sont proposés : une écuelle, 'scutella' et un 'cipho'. Le bacin vient en troisième proposition.
Dans le Liber Diversarum Arcium de Montpellier, le bacin sert à recueillir l'encre noire. On fait chauffer du vin rouge ou blanc avec de la noix de galle puis avec de la gomme arabique en morceau jusqu'à ce que le tout soit bien dissous et réduit d'un tiers. On filtre et on recueille dans un bacin, 'in bacinar'. On ajoute ensuite du vitriol (du sulfate de fer) puis on filtre.
Dans le De Arte Illuminandi, on fait un noir de fumée avec un bacin de laiton, qui est de l'auricalque : 'bachinum de latton, id est de auricalco'. Ce bacin doit être propre, 'mundo' ou bien on utilise un récipient de terre vernissée ('vel vas terre vitreatum'). Pour plus de détail sur cette recette, Lire l'article s'y rapportant.
Cet article sur le bacin est un simple sondage de quelques traités techniques. Une étude plus appronfondie, notamment le livre de Mrs Merrifield est à envisager. Mais pour l'instant, ces quelques recettes nous donnent une idée de l'utilisation de ce récipient.
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