De même que les autres négociants de Paris, les épiciers et les apothicaires étaient obligés de se servir pour leurs achats et leurs ventes en gros, d'intermédiaires. Ce sont les courtiers ou courratiers comme on les appelaient avant le 16e siècle. Au 15e siècle, les courtiers du corps de l'épicerie sont au nombre de seize.
C'est ce que nous apprend l'article de plus d'un siècle du Dr Paul Dorveaux : Droits de courtage établis à Paris au 15e siècle sur quelques marchandises d'épicerie. Vous pouvez télécharger l'article Téléchargement Droits de courtage établis à Paris au 15e siècle sur quelques marchandises d'épicerie.
Ces courratiers ou intermédiaires fournissaient des denrées aux marchands d'avoirs-de-poids, c'est-à-dire qui ne se vendaient qu'au poids. Ces personnages sont mentionnés dans les Ordonnances des roys de France de 1349 et 1351. Paul Dorveaux publie celle de 1498. Voici la liste des denrées que les courratiers vendent :
- le Brésil est vendu 6 deniers tournois la bale
- le Sucre Candy est vendu 4 deniers tournois le cent
- le Verdegrice est vendu 6 deniers tournois la bale
- le Vermillon est vendu 4 deniers tournois le cent
- la Mine (le minium) est venue 4 deniers tournois le cent
- le Blanc d'Espagneet de Puille (le blanc d'Apullie) sont vendus 4 deniers tournois le cent
- le Synople est vendu une maille la livre
- l'Azur est vendu une maille la livre
- l'Inde de Baudas (l'indigoe de Bagdad) est vendu 2 deniers tournois le cent
- l'Inde de Gonf et de flouree (laguède) est vendu 6 deniers tournois la bale
- l'Orpin est vendu 6 deniers tournois la bale
- la Laque est vendue 6 deniers tournois la bale
- la Gomme arabic est vendue 6 deniers tournois la bale
- la Dragagan (la gomme adragante) est vendue 4 deniers tournois le cent
- les Gales (les noix de galles) sont vendues 6 deniers tournois la bale
- Tous les Aluns sont vendus 6 deniers tournois la bale
- les Poix blanche et noire sont vendues 2 deniers tournois le cent
- le Plomb, la carrée sont vendus 12 deniers parisis
- l'Estain est vendu 2 deniers parisis le cent
- le Cuivre est vendu 2 deniers parisis le cent
- le Vif d'argent (le mercure) est vendu 3 deniers tournois le boullon
- les Saffran, girofles en balles, massiz, graine de paradis, nois muguettes, folion, espic, cardemome, chacun une maille la livre
- la Graine d'escarlatte (kermès) est venudue 5 deniers tournais la bale
- la Garence est vendue 6 deniers tournois la bale
- la bourrez et le Mastic sont vendu une obole tournois la livre
- la Cendre et ybenus sont vendus 6 deniers tournois la bale
Soit 26 denrées : pigments et matières premières servants à la production des couleurs.
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Dame Chlodyne
Merci pour ces informations piquantes, mais à quoi diable peuvent correspondent en poids-et-mesures contemporains de nos jours "la balle", "le cent", "la livre", "la carrée", "le boullon"…
Voilà qui nous ôterait une belle épine du pied… ;-)
Rédigé par : Sagiterra | mardi 08 jan 2013 à 23:13
Je livre un ensemble d'informations sans pour autant pouvoir répondre entièrement à ta question. Je sais que la livre équivalait entre 350g et 500g selon les régions. C'est wikipédia qui le dit ! Il me semble que le bouillon est expliqué dans le texte en téléchargement. Je relirais ça et je te le dis plus tard. Quant aux autres, j'avoue,je sèche !
Rédigé par : Dame Chlodyne | mercredi 09 jan 2013 à 13:43
Voici ce que j'ai trouvé sur la bale, telle qu'elle était utilisée à Lyon au début du XVIe siècle, toujours dans un contexte d'apothicairerie :
"Afin d’éviter des les tromperies sur les marchandises, les épices, une fois passées au crible et
inspectées, sont mise dans des sacs fermés par un sceau ou cachet et forment des « balles ». Le
cachet représente un lion noir rampant, c’est à dire debout, surmonté de trois fleurs de lys qui sont les
armes de la ville. Le cachet est de cire verte pour les épices de valeur (clous de girofle, muscade, cannelle…) et de cire
rouge pour celles de moindre valeur (amandes, noix de galle…) ..."
C'est extrait du Garbeau de l'épicerie consultable ici : http://www.archives-lyon.fr/static/archives/garbeau-epicerie/
Rédigé par : Dame Chlodyne | vendredi 30 mai 2014 à 19:49
c'est du complexité à faire peur les poids et mesures, il y avait le système antique, romain, le système carolingien, puis français, enfin tous les systèmes italiens, allemands,etc..
Pour plus d'info :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1919_num_80_1_448625
Rédigé par : C.Moerman | lundi 07 juil 2014 à 21:04
Oui c'est très variable selon les régions. Merci pour le lien, je vais regarder ça à tête reposée !
Rédigé par : Claudine | mercredi 16 juil 2014 à 15:32