Fin novembre, j'avais isolé des encriers en forme de corne et finissants en pointe : voir l'article. Cette sorte de corne n'est pas en corne de bovidé. Mais peut-être en terre vernissée. Ce matériau est en effet attesté au XVe siècle dans le traité d'enluminure italien du XVe siècle, De Arte Illuminandi.
Au chapitre 34 : Ad scribendum aurum cum penna, nous trouvons la mention in cornu vitri vel vitreato, de terra aut stagni, dans une corne en verre ou en terre vernissée ou en étain. Il s'agit d'une recette de ce que l'on appelle la Chrysographie ou l'art d'écrire en or.
Voici la traduction de la recette : "On prend des feuilles d'or, autant que l'on en a besoin et on enduit la pierre à broyer en porphyre ou en pierre, lapide, sur laquelle on va broyer l'or avec une quantité modeste de miel pur et bien clair. On enduit aussi de la même manière la pierre supérieure avec laquelle on va broyer (c'est-à-dire la molette à broyer). On met les feuilles d'or sur la pierre où il y a un peu de miel et on broie. On met ensuite de l'eau claire de source et on frotte la pierre. On ramasse l'or moulu avec le miel et l'eau dans un grand vase vernissé. On verse encore de l'eau commune. Une fois que l'or est au fond, on jette l'eau qui surnage et on la remplace soigneusement par une nouvelle eau. On continue ainsi jusqu'à ce qu'il n'y ai plus de miel. Puis on met l'or dans une corne de verre ou de terre vernissée ou d'étain. On détrempe avec de la glaire do'euf et on mélange bien. On peut alors écrire. Une fois sec, on peut brunir l'or en mettant sous le support une tablette."
La corne en terre vernissée sert donc bien d'encrier. On y détrempe ici l'or avec de la glaire d'oeuf. Il faut mélanger, on aura donc un goupillon pour cela. On en voit souvent dépasser des cornes-encriers dans les enluminures des scribes-évangélistes.
Si les cornes métalliques sont parfois mentionnées dans les livres de recettes de couleurs, c'est la première fois que je trouve cette mention de terre vernissée pour une corne-encrier !
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