Les enluminures de représentations de scribes sont nombreuses, les cornes-encriers les accompagnent souvent. Cet objet qui sert à mettre l'encre noire ou de couleur, fait partie des outils de travail du copiste. J'ai pu réunir un corpus de près de huit cent peintures (principalement des enluminures médiévales) avec ce fil conducteur de la corne-encrier.
Aujourd'hui, en consultant le livre de Walter Cahn : Romanesque manuscripts. The Twelth century (1996), j'ai trouvé une nouvelle image de ce type de scribe. Saint Jean a un pupitre avec une corne-encrier fichée dans le montant du pupitre qu'il a devant lui. Il y a peu d'exemple de la sorte. Parfois, un animal, le serpent, peut tenir l'encrier dans sa bouche alors qu'il est enroulé autour du pied du pupitre.
Saint Jean (XIe-XIIe siècle), Paris BNF latin 17970 folio 181
Le pied du pupitre est particulier. Il ressemble à un arbre dont le départ d'une branche serait utilisé pour mettre l'encrier !
Précédemment, dès le IXe siècle, un enlumineur carolingien avait tenté cette expérience de peindre la corne-encrier fichée dans la colonne du pupitre.
Saint Mathieu, Evangiles de Loisel, 1ère moitié du IXe siècle, Paris, BNF latin 17968 folio 15v
Voici une variante, avec une proposition d'accroche de la corne contre le pied du pupitre. L'encrier n'est donc plus fiché dans la colonette.
Saint Luc, Allemagne (Rhénanie), 1ère moitié du XIe siècle, Paris, BNF latin 9395 folio 93
Dans l'exemple ci-dessous, est-ce la volonté de représenter à tout prix la corne-encrier qui pousse l'enlumineur à faire une tige double pour figurer le pied du pupitre ou est-ce le meuble qui est comme cela ? Dans ce cas, il doit y avoir un système pour que la corne-encrier soit bien coincée, bien fixe.
Saint Jérôme, Bible de Worms, Allemagne du centre, 3ème quart du XIIe siècle, Londres, British library
Harley 2804 folio 1v
Dans le même manuscrit, un évangéliste est représenté avec cette fois, une percée dans le montant du pupitre. Elle s'apparente à la tige double précédente mais est quand même différente.
Saint Mathieu, Bible de Worms, Allemagne du centre, 3ème quart du XIIe siècle, Londres, British library
Harley 2804 folio 172v
Quand la colonne est un peu plus grosse, il doit être difficile de faire tenir la corne. C'est alors un serpent qui sert à maintenir droit ce type d'encrier.
(Saint Luc), Bistum Freising (Tegernsee ?) 1170-1180, Bayerische staatsbibliothek
Clm 21580 folio 186
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