Dans un article d'il y a deux ans, déjà, j'avais mis en avant une sorte de pupitre avec des encoches qui pouvait servir au travail de réglure du copiste : >>Voir l'article. Ces traits que j'avais primitivement associé à des graduations sont associées à des petits ronds. On voit ces petites formes géométriques sur d'autres pupitres ; cela avait aussi fait l'objet d'un article : Voir l'article
Aujourd'hui, j'aimerai attirer votre attention sur une sorte de pupitre en forme de 'L' ou "en équerre". Cette forme très schématique ne semble au premier abord, pas représenter une quelconque réalité. Elle pourra simplement signifier que deux bords du plateau du pupitre sont figurés et valable pour le tout. Néanmoins, si on observe un nouvel exemplaire des pupitres où il y a des encoches pour la réglure, on peut voir que cette partie où il y a les traits, est saillante au regard du plateau du pupitre. Voici l'image (nous avons retravaillé toutes les enluminures pour mieux mettre en valeur le pupitre et la partie qui nous intéresse) :
Saint Marc Theophanu-Evangeliar, Entstehungsort_ Lüttich?, 1039_-056
Essen, Domschatzkammer Essen Hs3 folio 50v°
La partie saillante où il y a le cornet à encre peut être faite pour mettre cet objet. Mais nous pensons, qu'il s'agit plutôt d'une partie amovible, distincte du plateau du pupitre.
Pour assoir notre idée de deux parties qui composeraient le plateau du pupitre, on regardera les exemples suivants. En effet, on voit que deux couleurs différentes désignent ce qui pourraient être deux parties distinctes (au premier abord, on croirait que c'est le rebord haut du plateau qui est ainsi figuré) :
Saint Mathieu ? XIIe siècle, Vatican Biblioteca apostolica Pal.lat.048.folio 35v°
Saint Luc, westdeutshland (Oberrhein ?), milieu XIIe siècle
Stuttgart, Württembergische landesbibliothek, Cod. bibl. fol.28 folio 80r°
On voit bien sur ces deux exemples, une volonté de distinguer deux parties du pupitre. Il y a, avec l'exemple suivant, une distinction plus marquée encore. En effet, l'enlumineur a choisi de ne représenter que cette partie, sans le plateau où repose habituellement la page d'écriture. Cet exemple est assez exceptionnel.
Saint Paul écrivant, Abbaye de Saint-Amand (Hainaut), XIe siècle
Valenciennes BM folio 99v°
Dans l'enluminure ci-dessous, le plateau n'est pas présent non plus. La partie en 'L' ou "en équerre" est bien décorée. Elle fini par un bord recourbé, sur le petit côté du haut. Cela fait pensé à la règle utilisée dans une représentation de copiste réglant un bi-feuillet (>>Voir l'article).
Eadmer de Canterbury, Tournai, 1140-1150, Paul Getty museum, Ms. Ludwig XI 6, folio 2v°
Cette interprétation du mobilier à partir des documents iconographiques est certes un peu tirée par les cheveux. Néanmoins, je crois à une petite part de réalité dans ce type de documents.
Commentaires