Au XIIIe siècle, les verriers vénitiens mettent au point les ancêtres des lunettes pour les moines. La pierre de lecture est née. C'est une lentille plan-convexe en verre.
En 1267, Roger Bacon reprend dans son Opus Majus, les idées du savant arabe Alhazen (965-1038) (voir Opticae thesaurus Alhazeni Arabis ou le Trésor de l'Optique) et décrit ainsi : « qu’un tel instrument [la lentille décrite par Alhazen] sera très utile aux vieillards à la vue déficiente qui pourront ainsi voir une lettre, quelque petite qu’elle soit et d’une suffisante grosseur ». (voir Veyrat Nicolas et al., « L'objet incorporé et la logique des situations » Les lunettes au fil de l'histoire et au gré des usages, Revue d'anthropologie des connaissances, 2007/1 Vol. 1, n° 1, p. 59-83).
Aux pierres de lecture succèdent les loupes, puis les "lunettes de lecture". Ces clouants doivent leur nom au rivet qui réunit les deux extrémités des branches qui prolongent l'épaisse monture ronde qui entoure chacun des verres. Cette monture est en corne, en os ou en bois. Ils ne sont pas très commode car on doit les tenir à la main pour s'en servir. Ils pouvaient cependant être accrochés à un bandeau tenu autour de la tête au niveau du front comme le montre un dessin de Pisanello.
PISANELLO Antonio, Trois têtes d'hommes, l'un d'entre eux portant des bésicles, 1ère moitié XVe siècle Musée du Louvre département des Arts graphiques INV 2623
De nombreuses images attestent de leur utilisation :
Saint Luc ca.1400 France, New York, Pierpont Morgan Library M331 folio 187r
Saint Mathieu ca.1420 France ? Milano biblioteca Trivulziano Triv. 445 folio16r
The Death of the Virgin, depicting one of the Twelve Apostles. Painting by the Master of Heiligenkreuz
ca. 1400 the Cleveland museum of art
Bruneto Latini, Livre du Trésor réalisé à Lille ? après 1418, Bruxelles, Bibliothèque Albert Ier ms 10386 folio 39
Saint Marc, Bibel, dt.- NT Hagenau - Werkstatt Diebold Lauber, 1441-1449, Vatican, Biblioteca Apostolica Cod. Pal. germ. 23 folio 63v
Saint Luc, Livre d'Heures,Tours, vers 1500, Genève, Bibliothèque de Genève 124 folio 16v
Utilisées pour écrire, pour lire et pour enluminer, les bésicles changent de forme. De clouant, elles passent en bésicles à pont.
Simon Bening, Self-portrait, 1558, tempera on parchment, Metropolitan Museum of Art, New York
Le moine à droite du tableau, lit un manuscrit :
Saint Jérome dans le Scriptorium, peint par l'espagnol Maitre El Parral, 1480 - 1490, Madrid, Museo Lazaro Galdiano
Non pas sur le nez du peintre ou du copiste, d'autres scènes peignent cet objet quasiment nécessaire à qui la vue de près fait défaut.
Vincent de Beauvais écrivant, Speculum humanae salvationis (Miroir du Salut humain) traduit par Jean Miélot et enluminé par Loyset Liédet vers 1470 à Bruges, Paris, BnF français 6275 folio 1
Les clouant sont rangés dans le tiroir, en haut à droite de l'image :
Jean Mielot, Miracle de Notre-Dame, Audenarde, 1456, peint par Jean le Tavernier
Paris, BnF français 9198 folio 19
Copiste dans son atelier, Histoire des nobles princes de Hainaut, milieu du XVe siècle
Paris, BnF français 20127 folio 2v
Berne 1484/85, Bern Burgerbibliothek-Mss-hh-I.16 folio 41
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