J'ai quelques images dans mon corpus : des copistes entrain d'écrire sur une roue à livres. Si ce meuble est représenté de diverses manières dans les scènes de lettrés, il est rarement associé au copiste qui écrit. En tout cas, on n'observe simplement que quelques autres exemples que ceux présentés ici, et il s'agit d'écriture sur un phylactère non sur un livre ouvert.
Le meuble à proprement parler ressemble à nos guéridons dont la partie centrale, généralement à vis permet de monter et descendre le plateau circulaire (mais sommes-nous ici en présence de ce système ?). Au sommet de la vis, on peut voir parfois une lanterne, commode pour lire et écrire la nuit. Le copiste peut avoir une planche sur laquelle il écrit et dont le bord supérieur est calé sur la vis centrale de la roue à livres. Parfois, le meuble n'est formé que du plateau, sans vis centrale, comme c'est le cas des exemples bretons.
Les exemples parisiens montrent les évangélistes écrivant, tandis que les enlumineurs bretons ont choisi de représenter les saints entrain de tailler leurs plumes.
Le modèle de la roue à livres étudié ici est passé de l'atelier parisien du maître de Boucicaut à celui breton du maître des Heures de Marguerite d'Orléans. Ce dernier aurait été l'élève du premier. Ainsi, les modèles iconographiques peuvent passer d'un atelier à l'autre, avec cependant des variantes, comme on le voit ici avec la disparition de la vis centrale ; ce qui transforme la roue à livre en table ronde (comme un guéridon). Cette table est alors munie d'un rebord. L'enlumineur breton aura pu observer ce mobilier dans sa région et ainsi mettre à jour les modèles parisiens .
Saint Mathieu, Maître de Boucicaut, Paris, ca. 1420, New York, Pierpont Morgan library ms M1000 folio 17r°
Saint Luc, Heures à l'usage de Rome, Paris, 1420-1425, Paris, BnF, Nouvelle Acquisition latine 3111 folio 13
Saint Marc, Heures de Marguerite d'Orléans, Rennes ?, 1426 ?, Paris, BnF latin 1156B folio 17
Saint Luc taillant sa plume, Livre d'heures de Catherine de Rohan et de Françoise de DInan, maitre des heures de françoise de Dinan, Bretagne, 1450-1455, Rennes, BM 34bis folio 13v°
Edit : J'avais encore une image semblable, de la table guéridon exécutée par le maître de Boucicaut. Il a pu servir de modèle aux enlumineurs bretons. Il a cependant une vis. C'est donc encore une autre sorte de roue à livres.
Saint Marc, Heures de Jeanne Bessonnelle, Maître de Boucicaut, 1er quart du XVe siècle
Paris BnF latin 1161 folio 23 bis
Edit du 2 mai 2016 : Un autre exemple du maitre de la Mazarine (souvent attribué au maître de Boucicaut) :
Saint Luc, Livre d'Heures, vers 1410-1415, Maitre de la Mazarine, Paris Bibliothèque Mazarine 469 folio 7
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